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Letters From Rome on the Council Part 26

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La question de l'infaillibilite pontificale, devenue, contre l'attente universelle, l'objet capital du Concile du Vatican depuis son ouverture, ne semble pas toucher encore a une solution immediate. Cette grave question qui devait, au dire de certains hommes, etre definie par acclamation des les premieres seances du Concile, puis le jour de l'Epiphanie, puis, apres de courts debats, pour la fete de Saint Joseph ou le 25 Mars jour de l'Annonciation; differee de jour en jour a raison des enormes difficultes qu'elle rencontre, a la grande surprise des partisans de l'infaillibilite, doit enfin, nous dit-on, etre, sans nouveau delai, resolue solennellement le 29 Juin, jour de la fete du Prince des Apotres.

Si telle est veritablement la pensee des Presidents du Concile, il semble difficile qu'elle puisse se realiser. Quelques jours seulement nous separent de cette solennite, et pres de cent orateurs sont inscrits pour traiter cette question devant le Concile. Dans cette situation, il faut qu'on choisisse entre trois partis: ou supprimer toute discussion, ou proroger le Concile, ou exiger qu'il poursuive ses travaux jusqu'a ce qu'enfin toutes les difficultes soient pleinement eclaircies, et que tous les Peres puissent donner leur suffrage en parfaite connaissance de cause.

Supprimer, ou du moins restreindre la discussion de telle sorte que la conscience d'un nombre considerable de Peres qui sentent vivement toute la gravite de la question et les difficultes de tout genre dont elle est herissee, ne soit pas pleinement satisfaite, ce serait violer toutes les regles des deliberations conciliares que nous voyons de siecle en siecle pratiquees avec la liberte et la maturite la plus complete. Rien ne saurait dispenser d'un examen approfondi, lorsqu'il s'agit d'imposer un dogme nouveau a la croyance des fideles; et, au dire des theologiens, toute definition rendue sans une discussion prealable qui porte jusqu'a l'evidence le caractere de doctrine revelee dans le point mis en deliberation, demeure par cela meme frappee de nullite. Il suffit de parcourir rapidement les actes des Conciles c.u.meniques pour se convaincre des patientes recherches, de la sage lenteur qu'ils out apportees a leurs deliberations; et il est incontestable que les questions a resoudre dans ces grandes a.s.semblees etaient loin de presenter les difficultes qui se rencontrent dans celle qui s'agite en ce moment. Le monde Chretien n'ignore pas cela, et il ne verrait pas d'un il indifferent un jugement solennel, en une matiere qui touche a la const.i.tution meme de l'Eglise, p.r.o.nonce a la hate et par un coup de majorite.

Sans doute ceux qui tiennent dans leurs mains la direction du Concile, se persuadent que la question est depuis longtemps a.s.sez discutee pour qu'on sache a quoi s'en tenir sans de plus amples recherches; et, parce qu'a leurs yeux l'infaillibilite du Pape est une verite, ils regardent toute nouvelle discussion comme une pure formalite que rien ne commande imperieus.e.m.e.nt. Mais par cela meme que la question est discutee depuis plusieurs siecles, et que l'on discute encore avec science, erudition et bonne foi, il faut conclure evidemment que la lumiere n'est pas encore faite a ce point qu'on puisse dire que telle est incontestablement la tradition antique et universelle.

Si a leurs yeux l'infaillibilite du Pape est une verite certainement revelee, et qu'ils tiennent a precipiter la definition par egard pour certaines impatiences, ils ont un moyen bien simple de les satisfaire, sans commettre une violation des lois conciliaires. Dans le systeme ultramontain, le Pape etant infaillible, et, du consentement de tous les catholiques, l'eglise universelle ne pouvant jamais accepter l'erreur et y adherer, toute definition _ex cathedra_ sera immanquablement suivie de l'a.s.sentiment de tout le corps de l'eglise. Pie IX., a.s.sure-t-on, est profondement convaincu de son infaillibilite comme Pontife supreme. Eh bien! de deux choses l'une: ou il faut que le concile agisse en concile, et par consequent avec circonspection, pesant avec une attention scrupuleuse les raisons graves, les faits, les textes allegues de part et d'autre; ou le Pape, en vertu de son autorite apostolique, par un acte des plus solennels, doit trancher toutes les difficultes et definir lui-meme le dogme de cette infaillibilite qu'il croit etre un apanage essentiel de la dignite supreme dont il est revetu. Pourquoi ne pas tenter cette experience? Si l'eglise adhere a sa decision, son infaillibilite est tres canoniquement etablie: si elle n'adhere pas, il est evident qu'il ne peut pretendre a ce privilege. La question est alors definitivement etablie, et toute dispute cesse. Jusqu'ici, aucune decision nette, precise et solennelle sur ce point n'a ete donnee; hesiter sur l'emploi de ce moyen, ne serait-ce pas douter de cette infaillibilite? Et si, en l'ecartant on veut que le Concile prenne lui-meme la responsabilite d'une definition dogmatique, il est alors de toute convenance, de toute justice, de toute necessite qu'il ne p.r.o.nonce qu'apres l'examen le plus approfondi.



L'etat des esprits dans le Concile et hors du Concile, les discours p.r.o.nonces, les ecrits nombreux publies de part et d'autre, prouvent evidemment, aux yeux de quiconque juge sans parti pris et avec une parfaite impartialite, que la question, depuis 1682, pour ne pas remonter plus haut, n'a pas encore fait un seul pas; elle en est toujours au meme point. L'etude la plus attentive de la Tradition n'a pas donne de nouvelles lumieres a ceux qui sont capables de ces etudes, et sans doute l'etat de la question dans cette sphere merite une attention tout exceptionnelle, et bien differente de celle que pretend attirer sur soi un enthousiasme factice ou irreflechi.

II.

La prorogation du Concile serait done la mesure la plus rationelle et la plus prudente. Mais les impatiences provoquees, enflammees de plus en plus par toute sorte de manuvres, comment les contenir? Ces feuilles, ces ecrits, cette propagande pieuse, qui les excitaient par la promesse d'une satisfaction prochaine, tout cela ne va-t-il pas devenir l'objet d'un mepris universel, pour avoir leurre si longtemps les ames honnetes et religieuses d'une esperance si lente a se realiser? Mais que faire! Telle est la difficulte de la situation qu'on a si imprudemment creee. S'il faut que le Concile decide, il ne reste plus qu'a le proroger, pour qu'il puisse un peu plus tard reprendre ses travaux avec toute la patience et la liberte d'esprit qu'ils reclament: ou bien il faut qu'il les poursuive actuellement sans desemparer, jusqu'a ce qu'enfin tout soit mur pour le jugement a p.r.o.noncer.

Mais ici deux tristes reflexions se presentent a l'esprit. D'abord, quelle rigueur,-le mot n'est pas excessif, et on l'a entendu sortir de la bouche de bonnes femmes Romaines, au moment ou les venerables Peres faisaient cortege au Sauveur du monde porte en triomphe a la procession solennelle de la Fete-Dieu;-quelle rigueur ne serait-ce pas de retenir plus longtemps, dans cette saison de chaleurs accablantes, sous un climat que les Romains eux-memes se hatent de fuir a cette epoque de l'annee, des vieillards epuises par l'age, par les infirmites, par les fatigues de tout genre, fatigues du corps, fatigues de l'esprit, angoisses de l'ame en presence des plus terribles dangers pour leurs troupeaux particuliers, pour l'eglise universelle, pour la societe tout entiere; des vieillards qui sentent le poids enorme de cette responsabilite, qui entendent tous les jours la voix de l'opinion publique, et la voix plus puissante et plus penetrante de la religion alarmee; des vieillards, parmi lesquels plusieurs ont deja succombe, plusieurs autres sont atteints de maladie, tous sont prives de l'air vivifiant du pays natal, des soins particuliers que ne sauraient donner des mains etrangeres, des consolations qu'un pasteur fidele trouve toujours au milieu d'un peuple qui l'aime.

Les seances en Congregation Generale, continuees presque tous les jours sans interruption, durent, depuis huit heures et demie du matin jusqu'a une heure de l'apres-midi. Le devoir de la priere, la recitation de l'office canonial, la meditation des matieres a discuter, la preparation des discours a p.r.o.noncer, rien de tout cela ne peut etre suspendu. Des jeunes gens robustes ne resisteraient pas longtemps a ce travail si multiplie, si continu, a l'effort d'une attention soutenue pendant les longues heures des seances conciliaires sur des questions qui ne pesent pas uniquement sur la pensee, mais aussi et plus encore sur la conscience, et enfin a l'action accablante des fortes chaleurs, dont l'intensite, par l'agglomeration de six cents prelats, redouble sans mesure dans une salle d'ailleurs extremement incommode sous tous les rapports. On entend les plus vigoureux de corps et d'esprit declarer qu'ils sont a bout de forces.

Et l'on persisterait encore a les retenir!

Mais il y aurait encore la quelque chose de plus grave. Retenir les eveques jusqu'a ce qu'une definition de l'infaillibilite pontificale ait pu etre rendue apres une discussion parfaitement libre, et aussi longue qu'on doit l'augurer du nombre des orateurs inscrits et des questions graves et nombreuses qui se rattachent a cette definition, c'est leur dire: eveques, il faut vous resoudre a mourir ou a bacler en toute hate un jugement duquel dependent les destinees de l'eglise et du monde. Oui, mourez, accablees par l'ennui, la fatigue, le climat devorant, l'age et les infirmites; ou, si vous tenez a vivre encore, foulez aux pieds les regles les plus sacrees des conciles, sacrifiez votre conscience, et avec la votre celle de plusieurs millions d'ames!

Sous le rapport de la liberte de discussion, bien des choses dans le Concile du Vatican ne ressemblent pas aux anciens Conciles Generaux, toujours veneres dans l'eglise. Au dedans, au dehors, un parti a exerce sur les Peres une pression toujours croissante. Au dedans, des reglements mal faits, des interruptions sans cause, dont le resultat inevitable etait de decourager les hommes les plus fermes, et d'empecher ou d'affaiblir la manifestation de la verite; une certaine fraction de l'a.s.semblee, turbulente, impetueuse, arretant par des murmures les prelats les plus venerables dont la doctrine ne se pliait pas a ses idees; les presidents fermant les yeux sur ces faits et n'ayant de severites que pour les adversaires de l'infaillibilite; la discussion brusquement arretee au gre de ceux qu'elle deconcertait. Au dehors, des journalistes qui ne cessaient de prodiguer l'insulte aux eveques contraires a leurs opinions.

Rome est tout emue d'un fait recent concernant l'un des membres les plus eminents du Concile, le Cardinal Guidi, Archeveque de Bologne, precedemment religieux Dominicain, et tres celebre professeur de theologie dans la capitale du monde Chretien. Il avait parle dans le Concile sur la question de l'infaillibilite, exigeant pour celle des definitions pontificales le concours de l'episcopat. Le jour meme, il est mande et admoneste du ton le plus severe. "Saint-Pere, a repondu le cardinal, j'ai dit aujourd'hui ce que j'ai enseigne au grand jour pendant plusieurs annees a votre college de la Minerve, sans que jamais personne ait trouve cet enseignement reprehensible. L'orthodoxie de mon enseignement avait du etre attestee a votre Saintete lorsqu'elle daigna me choisir pour aller a Vienne combattre certains docteurs allemands dont les principes ebranlaient les fondements de la foi catholique. Que mon discours d'aujourd'hui soit soumis a l'examen d'une commission de theologiens; je ne redoute pas ce jugement." Des paroles menacantes pour le cardinal ont termine cet entretien. Le matin, apres la seance, un prelat domestique disait dans la salle meme du Concile: apres un pareil discours, le cardinal devrait etre enferme pendant dix jours dans un couvent pour y vaquer aux exercices spirituels.

La puissance absolue du Pape, son opinion visible, le pouvoir arbitraire qu'exercent les presidents, la petulance de certains prelats, trop notoirement pa.s.sionnes et violents; tout cela pese sensiblement sur les membres les plus sages de l'a.s.semblee qui ne peuvent s'empecher de s'en plaindre avec tristesse dans des entretiens intimes. Faut-il s'etonner que plusieurs, le fait est tres certain, expriment le desir d'un vote secret, s'il etait possible?

C'est avec une douleur profonde que nous racontons toutes ces choses. Mais la situation de l'eglise en ce moment est telle qu'on ne peut se dispenser de parler. Au Concile du Vatican se traite une question de l'ordre le plus eleve Chacun a le droit de savoir comment est conduit ce grand proces, qui est le proces de tous. Il s'agit de la paix du monde, il s'agit aussi de choses qui sont au-dessus de tous les interets perissables, de la foi, de la conscience et du salut eternel des ames.

APPENDIX IV.

LETTER OF A FRENCH BISHOP TO COUNT DARU.

On sait a Rome que vous aviez l'intention de rediger une note ou un memorandum qui devrait etre appuye par les puissances.

Si vous agissez, vous serez appuyes. Ici les diplomates se plaignent de votre inaction.

Mais il faut agir immediatement, on veut introduire l'infaillibilite apres Paques.

Vous ne pouvez rien faire par le M. de Banneville. Ses collegues ne le comptent pour rien, sinon pour un obstacle.

Il ne faut pas vous mettre exclusivement sur le terrain des canons des Ecclesia. On vous repondrait, soit en supprimant les Canons auxquels vous vous opposez; soit en disant que cela ne vous touche pas, a cause du concordat; soit, enfin, en les expliquant dans un sens qui vous paraitra satisfaisant, quitte a decreter apres tous les Canons, tous les Syllabus qu'ils voudront, et les plus formidables. Mais il y a un terrain ou vous etes invincibles, et sur lequel les puissances vous suivent. C'est celui de la liberte du Concile et du droit publique de l'eglise, sous la protection duquel vos eveques sont venus a Rome.

Cette liberte n'existe plus. Ce droit est viole sur un point que plus de 100 eveques ont declare de la derniere importance.

Leur protestation vous donne un point de depart et des arguments invincibles.

Ces eveques declarent que le Reglement est contraire a la loi de l'eglise sur le point decisif de la Majorite. Car ce droit, depuis Nicee jusqu'a Trente, declare que la regle indisputable et certaine pour les definitions dogmatiques c'est l'unanimite morale, et non la majorite.

Un nombre immense de faits confirme leur protestation:

Les scenes de violence faites a Haynald et a Strossmayer.-Les Presidents n'ont pas cherche a proteger leur droit et liberte de parole, tout au contraire.

La precipitation de la discussion par les Presidents.

Le Schema de Fide, 4 chapitres, 20 pages, canons avec anathemes, a ete distribue 24 heures seulement avant l'ouverture de la discussion, on a vote sur 47 amendements en 5 quarts d'heure.

Le lendemain de la scene avec Strossmayer, on a lu un _Monitum_, non pas pour admoneter les interrupteurs, mais pour recommander aux orateurs de se presser, de peur qu'ils n'ennuyent l'a.s.semblee, et n'en provoquent des manifestations.

Ce _Monitum_ est une provocation aux interruptions. Quelquefois un eveque est recu avec des murmures avant de commencer.

Les demandes de la Minorite:

D'une salle ou on puisse les entendre.

De bureaux, pour les discussions preliminaires, qui enverraient des Commissaires a la Deputation.

De la liberte d'imprimer leurs discours et memoires pour les distribuer parmi les peres.

Que les auteurs d'amendements puissent les expliquer et les defendre dans la Commission, et puissent avoir le droit de repondre dans les discussions.

D'un proces-verbal des seances.

Sur la majorite et l'unanimite.

Toutes ces demandes sont restees sans reponse et sans effet.

La pression exercee sur les Orientaux.

La scene faite au Patriarche Chaldeen.

L'emprisonnement intime a l'Archeveque d'Antioche et au chef de sa communaute.

L'arrestation et les coups donnes au pretre, secretaire de l'Arch. de Diarbelair.

Les menaces aux Melchites, Maronites, et Chaldeens.

Le langage tenu par le pape lui meme. Les cas de Montalembert et de Falloux.

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