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The Principal Navigations, Voyages, Traffiques and Discoveries of the English Nation Volume X Part 14

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Deux jours apres mon arrivee a Pera je traversai le havre pour aller a Constantinople et visiter cette ville.

C'est une grande et s.p.a.cieuse cite, qui a la forme d'un triangle. L'un des cotes regarde le detroit que nous appelons le Bras-de-Saint-George; l'autre a au midi un gouffre (golfe) a.s.sez large, qui se prolonge jusqu'a Galipoly.

Au nord est le port.

Il existe sur la terre, dit-on, trois grandes villes dont chacune renferme sept montagnes; c'est Rome, Constantinople et Antioche. Selon moi, Rome est plus grande et plus arrondie que Constantinople. Pour Antioche, comme je ne l'ai vue qu'en pa.s.sant, je ne puis rien dire sur sa grandeur; cependant ses montagnes m'ont paru plus hautes que celles des deux autres.

On donne a Constantinople, dans son triangle, dix-huit milles de tour, dont un tiers est situe du cote de terre, vers le couchant. Elle a une bonne enceinte de murailles, et surtout dans la partie qui regarde la terre.

Cette portion, qu'on dit avoir six milles d'une pointe a l'autre, a en outre un fosse profond qui est en glacis, excepte dans un es.p.a.ce de deux cents pas, a l'une de ses extremites, pres du palais appele la Blaquerne; on a.s.sure meme que les Turcs ont failli prendre la ville par cet endroit foible Quinze ou vingt pieds en avant du fosse est une fausse braie d'un bon et haut mur.

Aux deux extremites de ce cote il y avoit autrefois deux beaux palais qui, si l'on en juge par les ruines et les restes qui en subsistent encore, etoient tres-forts. On m'a conte qu'ils ont ete abattus par un empereur dans une circonstance ou, prisonnier du Turc, il courut risque de la vie.

Celui-ci exigeoit qu'il lui livrat Constantinople, et, en cas de refus, il menacoit de le faire mourir. L'autre repondit qu'il preferoit la mort a la honte d'affliger la chretiente par un si grand malheur, et qu'apres tout sa perte ne seroit rien en comparaison de celle de la ville. Quand le Turc vit qu'il n'avanceroit rien par cette voie, il lui proposa la liberte, a condition que la place qui est devant Sainte-Sophie seroit abattue, ainsi que les deux palais. Son projet etoit d'affoiblir ainsi la ville, afin d'avoir moins de peine a la prendre. L'empereur consent.i.t a la proposition, et la preuve en existe encore aujourd'hui.

Constantinople est formee de diverses parties separees: de sorte qu'il y a plus de vide que de plein. Les plus grosses caraques peuvent venir mouiller sous ses murs, comme a Pera; elle a en outre dans son interieur un pet.i.t havre qui peut contenir trois ou quatre galeres. Il est au midi, pres d'une porte ou l'on voit une b.u.t.te composee d'os de chretiens qui, apres la conquete de Jerusalem et d'Acre, par G.o.defroi de Bouillion, revenoient par le detroit. A mesure que les Grecs les pa.s.soient, ils les conduisoient dans cette place, qui est eloignee et cachee, et les y egorgeoient. Tous quoiqu'en tres-grand nombre, auroient peri ainsi, sans un page qui, ayant trouve moyen de repa.s.ser en Asie, les avert.i.t du danger qui les menacoit: ils se repandirent le long de la mer Noire, et c'est d'eux, a ce qu'on pretend, que descendent ces peuples gros chretiens (d'un christianisme grossier) qui habitent la: Circa.s.siens, Migrelins, (Mingreliens), Ziques, Gothlans et Anangats. Au reste, comme ce fait est ancien, je n'en sais rien que par ou-dire.

Quoique la ville ait beaucoup de belles eglises, la plus remarquable, ainsi que la princ.i.p.ale, est celle de Sainte-Sophie, ou le patriarche se tient, et autres gens comme chanonnes (chanoines). Elle est de forme ronde, situee pres de la pointe orientale, et formee de trois parties diverses; l'une souterraine, l'autre hors de terre, la troisieme superieure a celle-ci.

Jadis elle etoit entouree de cloitres, et avoit, dit-on, trois milles de circuit; aujourd'hui elle est moins etendue, et n'a plus que trois cloitres, qui tous trois sont paves et revetus en larges carreaux de marbre blanc, et ornes de grosses colonnes de diverses couleurs. [Footnote: Deux de ces galeries ou portiques, que l'auteur appelle cloitres, subsistent encore aujourd'hui, ainsi que les colonnes. Celles-ci sont de matieres differentes, porphyre, marbre, granit, etc.; et voila pourquoi le voyageur, qui n'etoit pas naturaliste, les represente comme etant de couleurs diverses.] Les portes, remarquables par leur largeur et leur hauteur, sont d'airain.

Cette eglise possede, dit on, l'une des robes de Notre-Seigneur, le fer de la lance qui le perca, l'eponge dont il fut abreuve, et le roseau qu'on lui mit en main. Moi je dirai que derriere le choeur on m'a montre les grandes bandes du gril ou fut roti Saint-Laurent, et une large pierre en forme de lavoir, sur laquelle Abraham fit manger, dit-on, les trois anges qui alloient detruire Sodome et Gomorre.

J'etois curieux de savoir comment les Grecs celebroient le service divin, et en consequence je me rendis a Sainte-Sophie un jour ou le patriarche officoit. L'empereur y a.s.sistoit avec sa femme, sa mere et son frere, despote de Moree. [Footnote: Cet empereur etoit Jean Paleologue II; son frere, Demetrius, despote ou prince du Peloponnese; sa mere, Irene, fille de Constantin Dragases, souverain d'une pet.i.te contree de la Macedoine; sa femme, Marie Comnene, fille d'Alexis, empereur de Trebisonde.] On y representa un mystere, dont le sujet etoit les trois enfans que Nabuchodonosor fit jeter dans la fournaise. [Footnote: Ces farces devotes etoient d'usage alors dans l'eglise Grecque, ainsi que dans la Latine. En France on les appeloit mysteres, et c'est le nom que le voyageur donne a celle qu'il vit dans Sainte-Sophie.]

L'imperatrice, fille de l'empereur de Traseonde (Trebisonde), me parut une fort belle personne. Cependant, comme je ne pouvois la voir que de loin, je voulus la considerer de plus pres: d'ailleurs j'etois curieux de savoir comment elle montoit a cheval; car elle etoit venue ainsi a l'eglise, accompagnee seulement de deux dames, de trois vieillards, ministres d'etat, et de trois de ces hommes a qui les Turcs confient la garde de leurs femmes (trois eunuques). Au sortir de Sainte-Sophie elle entra dans un hotel voisin pour y diner; ce qui m'obligea d'attendre la qu'elle sort.i.t, et par consequent de pa.s.ser toute la journee sans boire ni manger.

Elle parut enfin. On lui apporta un banc sur lequel elle monta. On fit approcher du banc son cheval, qui etoit superbe et couvert d'une selle magnifique. Alors un des veillards prit le long manteau qu'elle portoit, et pa.s.sa de l'autre cote du cheval, en le tenant etendu sur ses mains aussi haut qu'il pouvoit. Pendent ce temps elle mit le pied sur l'etrier, elle enfourcha le cheval comme le font les hommes, et des qu'elle fut en selle le vieillard lui jeta le manteau sur les epaules; apres quoi il lui donna un de ces chapeaux longs, a pointe, usites en Grece, et vers l'extremite duquel etoient trois plumes d'or qui lui seyoient tres-bien.

J'etois si pres d'elle qu'on me dit de m'eloigner: ainsi je pus la voir parfaitement. Elle avoit aux oreilles un fermail (anneau) large et plat, orne de plusieurs pierres precieuses, et particulierement de rubis. Elle me parut jeune, blanche, et plus belle encore que dans l'eglise; en un mot, je n'y eusse trouve rien a redire si son visage n'avoit ete peint, et a.s.surement elle n'en avoit pas besoin.

Les deux dames monterent a cheval en meme temps qu'elle; elles etoient belles aussi, et portoient comme elle manteau et chapeau. La troupe retourna au palais de la Blaquerne.

Au devant de Sainte Sophie est une belle et immense place, entouree de murs comme un palais, et ou jadis on faisoit des jeux. [Footnote: L'hippodrome Grec, aujourd'hui l'atmedan des Turcs.] J'y vis le frere de l'empereur, despote de Moree, s'exercer avec une vingtaine d'autres cavaliers. Chacun d'eux avoit un arc: ils couroient a cheval le long de l'enceinte, jetoient leurs chapeaux en avant; puis, quand ils l'avoient depa.s.se, ils tiroient par derriere, comme pour le percer, et celui d'entre eux dont la fleche atteignoit le chapeau de plus pres etoit repute le plus habile. C'est-la un exercice qu'ils ont adopte des Turcs, et c'est un de ceux auxquels ils cherchent a se rendre habiles.

De ce cote, pres de la pointe de l'angle, est la belle eglise de Saint-George, qui a, en face de la Turquie, [Footnote: Il s'agit ici de la Turquie d'Asie. On n'avoit point encore donne ce nom aux provinces que les Turcs possedoient en Europe.] une tour a l'endroit ou le pa.s.sage est le plus etroit.

De l'autre cote, a l'occident, se voit une tres-haute colonne carree portant des caracteres traces, et sur laquelle est une statue de Constantin, en bronze. Il tient un sceptre de la main gauche, et a le bras droit et la main etendus vers la Turquie et le chemin de Jerusalem, comme pour marquer que tout ce pays etoit sous sa loi.

Pres de cette colonne il y en a trois autres, placees sur une meme ligne, et d'un seul morceau chacun. Celles-ci portoient trois chevaux dores qui sont maintenant a Venise. [Footnote: Ils sont maintenant a Paris, et il y en a quatre.]

Dans la jolie eglise de Pantheacrator, occupee par des religieux caloyers, qui sont ce que nous appellerions en France moines de l'Observance, on montre une pierre ou table de diverses couleurs que Nicodeme avott fait tailler pour placer sur son tombeau, et qui lui servit a poser le corps de Notre-Seigneur quand il le descendit de la croix. Pendant ce temps la Vierge pleuroit sur le corps; mais ses larmes, au lieu d'y rester, tomberent toutes sur la pierre, et on les y voit toutes encore. D'abord je crus que c'etoient des gouttes de cire, et j'y portai la main pour les tater; je me baissai ensuite, afin de la regarder horizontalement et a contre jour, et me sembla que c'estoient gouttes d'eau engellees. C'est la une chose que plusieurs personnes ont pu voir comme moi.

Dans la meme eglise sont les tombeaux de Constantin et de sainte Helene sa mere, places chacun a la hauteur d'environ huit pieds, sur une colonne qui se termine comme un diamant pointu a quatre faces. On dit que les Venitiens, pendant qu'ils eurent a Constantinople une grande puissance, tirerent du tombeau de sainte Helene son corps, qu'ils emporterent a Venise, ou il est encore tout entier. Ils tenterent, dit-on, la meme chose pour celui de Constantin, mais ils ne purent en venir a bout; et le fait est a.s.sez vraisemblable, puisqu'on y voit encore deux gros morceaux brises a l'endroit qu'on vouloit rompre. Les deux tombeaux sont couleur de jaspre sur le vermeil, comme une brique (de jaspe rouge).

On montre dans l'eglise de Sainte-Apostole un troncon de la colonne a laquelle fut attache Notre-Seigneur pour etre battu de verges chez Pilate.

Ce morceau, plus grand que la hauteur d'un homme, est de la meme pierre que deux autres que j'ai vus, l'une a Rome, l'autre a Jerusalem; mais ce dernier excede en grandeur les deux autres ensemble.

Il y a encore dans la meme eglise, et dans des cercueils de bois, plusieurs corps saints qui sont entiers: les voit qui veut. L'un d'eux avoit eu la tete coupee; on lui en a mis une d'un autre saint Au reste les Grecs ne portent point a ces reliques le meme respect que nous. Il en est de meme pour la pierre de Nichodeme et la colonne de Notre-Seigneur: celle-ci est seulement couverte d'une enveloppe en planches, et posee debout pres d'un pilier, a main droite quand on entre dans l'eglise par la porte de devant.

Parmi les belles eglises je citerai encore comme une des plus remarquables celle qu'on nomme la Blaquerne, parce-qu'elle est pres du palais imperial, et qui, quoique pet.i.te et mal couverte, a des peintures avec pave et revetemens en marbre. Je ne doute pas qu'il n'y en ait plusieurs autres egalement dignes d'etre vantees; mais je n'ai pu les visiter toutes. Les marchands (marchands Latins) en ont une ou tous les jours on dit la messe a la romaine. Celle-ci est vis-a-vis le pa.s.sage de Pera.

La ville a des marchands de plusieurs nations; mais aucune n'y est aussi puissante que les Venitiens. Ils y ont un baille (baile) qui connoit seul de toutes leurs affaires, et ne depend ni de l'empereur ni de ses officiers. C'est-la un privilege qu'ils possedent depuis longtemps: [Footnote: Depuis la conquete de l'empire d'Orient par les Latins, en 1204, conquete a laquelle les Venitiens avoient contribue en grande partie.] on dit meme que par deux fois ils ont, avec leurs galeres, sauve des Turcs la ville; pour moi je croy que Dieu l'a plus gardee pour les saintes reliques qui sont dedans que pour autre chose.

Le Turc y entretient aussi un officier pour le commerce qu'y font ses sujets, et cet officier est, de meme que le baile, independant de l'empereur; ils y ont meme le droit, quand un de leurs esclaves s'echappe et s'y refugie, de le redemander, et l'empereur est oblige de le leur rendre.

Ce prince est dans une grande sujetion du Turc, puisque annuellement il lui paie, m'a-t-on dit, un tribut de dix mille ducats; et cette somme est uniquement pour Constantinople: car au-dela de cette ville il ne possede rien qu'un chateau situe a trois lieues vers le nord, et en Grece une pet.i.te cite nommee Salubrie.

J'etois loge chez un marchand Catalan. Cet homme ayant dit a l'un des gens du palais que j'etois a monseigneur de Bourgogne, l'empereur me fit demander s'il etoit vrai que le duc eut pris la pucelle, ce que les Grecs ne pouvoient croire. [Footnote: La pucelle d'Orleans, apres avoir combattu avec gloire les Anglais et le duc de Bourgogne ligues contre la France, avoit ete faite prisonniere en 1430, par un officier de Jean de Luxembourg, general des troupes du duc, puis vendue par Jean aux Anglais, qui la firent bruler vive l'annee suivante. Cette vengeance atroce avoit retenti dans toute l'Europe. A Constantinople le bruit public l'attribuoit au duc; mais les Grecs ne pouvoient croire qu'un prince chretien eut ete capable d'un pareille horreur, et leur sembloit, dit l'auteur, que c'estoit une chose impossible.] Je leur en dys la verite tout ainsi que la chose avoit este; de quoy ils furent bien esmerveillies.

Le jour de la Chandeleur, les marchands me previnrent que, l'apres-dinee, il devoit y avoir au palais un office solennel pareil a celui que nous faisons ce jour-la; et ils m'y conduisirent. L'emperenr etoit a l'extremite d'une salle, a.s.sis sur une couche (un coussin): l'imperatrice vit la ceremonie d'une piece superieure; et sont les chappellains qui chantent l'office, estrangnement vestus et habillies, et chantent par cuer, selon leurs dois.

Quelques jours apres, on me mena voir egalement une fete qui avoit lieu pour le mariage d'un des parens de l'empereur. Il y eut une joute a la maniere du pays, et cette joute me parut bien etrange. La voici:

Au milieu d'une place on avoit plante, en guise de quintaine, un grand pieu auquel etoit attachee une planche large de trois pieds, sur cinq de long.

Une quarantaine de cavaliers arriverent sur le lieu sans aucune piece quelconque d'armure, et sans autre arme qu'un pet.i.t baton.

D'abord ils s'amuserent a courir les uns apres les autres, et cette manoeuvre dura environ une demi-heure. On apporta ensuite soixante a quatre-vingts perches d'aune, telles et plus longues encore que celles dont nous nous servons pour les couvertures de nos toits en chaume. Le marie en prit une le premier, et il courut ventre a terre vers la planche, pour l'y briser. Elle plioit et branloit dans sa main; aussi la rompit-il sans effort. Alors s'eleverent des cris de joie, et les instrumens de musique, qui etoient des nacaires, comme chez les Turcs, se firent entendre. Chacun des autres cavaliers vint de meme prendre sa perche et la rompre. Enfin le marie en fit lier ensemble deux, qui a la verite n'etoient pas trop fortes, et il les brisa encore sans se blesser. [Footnote: La Brocquiere devoit trouver ces joutes ridicules, parce qu'il etoit accoutume aux tournois de France, ou des chevaliers tout couverts de fer se battoient avec des epees, des lances, des ma.s.sues, et ou tres-frequemment il y avoit des hommes tues, blesses ou ecrases sous les pieds des chevaux. C'est ce qui lui fait dire par deux fois que dans la joute des perches il n'y eut personne de blesse.]

Ainsi finit la fete, et chacun retourna chez soi sain et sauf. L'empereur et son epouse etoient a une fenetre pour la voir.

Je m'etois propose de partir avec ce messire Benedict de Fourlino, qui, comme je l'ai dit, etoit envoye en amba.s.sade vers le Turc par le duc de Milan. Il avoit avec lui un gentilhomme du duc, nomme Jean Visconti, sept autres personnes, et dix chevaux de suite, parce que, quand on voyage en Grece, il faut porter sans exception tout ce dont on peut avoir besoin.

Je sortis de Constantinople le 23 Janvier 1433, et traversai d'abord Rigory, pa.s.sage jadis a.s.sez fort, et forme par une vallee dans laquelle s'avance un bras de mer qui peut bien avoir vingt milles de longueur. Il y avoit une tour que les Turcs ont abattue. Il y reste un pont, une chaussee et un village de Grecs. Pour arriver a Constantinople par terre on n'a que ce pa.s.sage, et un autre un peu plus bas que celui-ci, plus fort encore, et sur une riviere qui vient la se jeter dans la mer.

De Rigory j'allai a Thiras, habite pareillement par des Grecs, jadis bonne ville, et pa.s.sage aussi fort que le precedent, parce qu'il est forme de meme par la mer. A chaque bout du pont etoit une grosse tour. La tour et la ville, tout a ete detruit par les Turcs.

De Thiras je me rendis a Salubrie. Cette ville, situee a deux journees de Constantinople, a un pet.i.t port sur le golfe, qui s'etend depuis ce dernier lieu jusqu'a Galipoly. Les Turcs n'ont pu la prendre, quoique du cote de la mer elle ne soit pas forte. Elle appartient a l'empereur, ainsi que le pays jusque-la; mais ce pays, tout ruine, n'a que des villages pauvres.

De la je vins a Chourleu, jadis considerable, detruit par les Turcs et peuple de Turcs et de Grecs;

De Chourleu a Misterio, pet.i.te place fermee: il n'y a que des Grecs, avec un seul Turc a qui son prince l'a donnee;

De Misterio a Pirgasy, ou il ne demeure que des Turcs, et dont les murs sont abattus;

De Pirgasy a Zambry, egalement detruite;

De Zambry a Andrenopoly (Andrinople), grande ville marchande, bien peuplee, et situee sur une tres-grosse riviere qu'on nomme la Marisce, a six journees de Constantinople. C'est la plus forte de toutes celles que le Turc possede dans la Grece, et c'est celle qu'il habite le plus volontiers.

Le seigneur ou lieutenant de Grece (le gouverneur) y fait aussi son sejour, et l'on y trouve plusieurs marchands Venitiens, Catalans, Genois et Florentins. Depuis Constantinople jusque la, le pays est bon, bien arrose, mais mal peuple; il a des vallees fertiles, et produit de tout, excepte du bois.

Le Turc etoit a Lessere, grosse ville en Pyrrhe, pres du lieu de Thessalie ou se livra la bataille entre Cesar et Pompee, et messire Benedicto prit cette route pour se rendre aupres de lui. Nous pa.s.sames la Marisce en bateaux, et rencontrames, a peu de distance, cinquante de ses femmes, accompagnees d'environ seize eunuques, qui nous apprirent qu'ils les conduisoient a Andrinople, ou lui-meme se proposoit de venir bientot.

J'allaia Dymodique, bonne ville, fermee d'une double enceinte de murailles.

Elle est fortifiee d'un cote par une riviere, et de l'autre par un grand et fort chateau construit sur une hauteur presque ronde, et qui, dans son circuit, peut bien renfermer trois cents maisons. Le chateau a un donjon ou le Turc, m'a-t-on dit, tient son tresor.

De Dymodique je me rendis a Ypsala, a.s.sez grande ville, mais totalement detruite, et ou je pa.s.sai la Marisce une seconde fois. [Footnote: Ici le copiste ecrit la Maresce, plus haut il avoit mis Maresche, et plus haut encore Marisce. Ces variations d'orthographe sont infiniment communes dans nos ma.n.u.scrits, et souvent d'une phrase a l'autre. J'en ai fait la remarque dans mon discours preliminaire.] Elle est a deux journees d'Andrinople. Le pays, dans tout cet es.p.a.ce, est marecageux et difficile pour les chevaux.

Ayne, au-dela d'Ypsala, est sur la mer, a l'embouchure de la Marisce, qui a bien en cet endroit deux milles de large. Au temps de Troye-la-Grant, ce fut une puissante cite, qui avoit son roi: maintenant elle a pour seigneur le frere du seigneur de Matelin, qui est tributaire du Turc.

Sur une b.u.t.te ronde on y voit un tombeau qu'on dit etre celui de Polydore, le plus jeune des fils de Priam. Le pere, pendant le siege de Troie, avoit envoye son fils au roi d'Ayne, avec de grands tresors; mais, apres la destruction de la ville, le roi, tant par crainte des Grecs que par convoitise des tresors, fit mourir le jeune prince.

A Ayne je pa.s.sai la Marisce sur un gros batiment, et me rendis a Macry, autre ville maritime a l'occident de la premiere, et habitee de Turcs et de Grecs. Elle est pres de l'ile de Samandra, qui appartient au seigneur d'Ayne, et elle paroit avoir ete autrefois tres-considerable; maintenant tout y est en ruines, a l'exception d'une partie du chateau.

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