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Theory of the Earth Volume Ii Part 5

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Les rochers innombrables que l'on voit au-dessus de ces glaciers sont tous de granit, car s'il y a, comme j'en suis certain, des rochers feuilletees, interposees entre ces granits, des _gneufs_, par exemple, ou des roches de corne; comme elles etoient plus tendres que les granits, leurs parties faillantes ont ete detruites par les injures de l'air, et il ne reste plus que leurs bases, caches au fond des gorges qui separent les hautes pyramides.

This is a fact which, independent of the good authority we have here, we would have been naturally led, from the theory, to suppose. For, in wearing out the solid ma.s.s, which had been once continuous among those mountains, something must have determined the situation of those valleys; but what so likely as some parts more destructible by the wasting operations of the surface than others, which are therefore less impaired, and remain more high.

Now, whatever may be our theory with regard to the origin or formation of these solid ma.s.ses of the globe, this must be concluded for certain,--that what we see remaining is but a specimen of what had been removed,--and that we actually see the operations by which that great work had been performed: we only need to join in our imagination that portion of time which, upon the surest principles, we are forced to acknowledge in this view of present things.

CHAP. IV.

_The same Subject continued, in giving still farther Views of the Dissolution of the Earth._

To have an idea of this operation of running water changing the surface of the earth, one should travel in the Alps; it is there that are to be seen all the steps of this progression of things, and so closely connected in the scene which lies before one, that there is not required any chain of argument, or distant reasoning from effect to cause, in order to understand the natural operations of the globe, in the state of things which now appears. So strongly are the operations of nature marked in those scenes, that even a description is sufficient to give a lively idea of the process which had been transacted. With this view, I shall here transcribe, from the _Tableau de la Suisse_, a description of that remarkable pa.s.sage by the mountain of St. Gothard, from Switzerland to Italy, hoping, that, even independent of the ill.u.s.tration hereby given to the theory, the reader will be pleased to see such a picture of that country as will either excite new ideas in a person who has not seen such scenes, or call up those which it is proper for a naturalist to have[4].

[Footnote 4: Tableaux de la Suisse Discours, etc. p. 113. Route d'Altorf au St. Gothard.]

Nous allons donner les observations que nous avons faites, en montant le Saint Gothard par le cote septentrional, et nous terminerons ce que nous avons a dire par la description du haut de cette montagne. Il y a aux environs d'Altorf, chef-lieu du canton d'Uri, de grands terrains couverts de pierres roulees, dont la plus grande partie est amenee par le Schechen, torrent qui descend de la vallee du meme nom, et l'autre par la Reuss qui descend du St. Gothard. Sans se donner beaucoup de peines, on y a la facilite de voir et d'examiner une grande variete de pierres d'especes differentes et de connoitre d'avance les rochers qui composent les montagnes qu'on va parcourir; nous repetons ici que toutes les pierres arrondies ont pris cette forme par le roulis qu'elles ont essuyees dans les torrens, en se precipitant avec les eaux qui les ont amenees: plus nous avons parcouru de montagnes, plus nous nous sommes confirmes que cette observation etoit vraie et exact. Si on a la constance de suivre une espece jusqu'au lieu de son origine ou position premiere, on l'y trouvera anguleuse, et n'ayant subi d'autres changemens que celui que le tems imprime a toutes les substances qui restent en place; on verra qu'a mesure qu'elles s'eloignent de leur premiere position leurs angles et leurs parties saillantes se detruisent, et qu'elles finissent par prendre la forme ronde ou approchante, en raison de leurs durete et du chemin qu'elles auront parcouru. Nous renvoyons a ce sujet ce qui a ete dit vers le commencement de ces observations, en parlant du Trient. Nous ajoutons seulement qu'il n'y a guere d'espece de pierres roulees dans les montagnes, dont nous n'ayons pas trouve les rochers a.n.a.logues, et qu'avec du tems et les courses convenables, en observant bien les directions des montagnes et des torrents, on les trouveroit toutes. Altorf est entoure de tres-hautes montagnes, des vallons aboutissent de tous cotes dans ses environs, parce-que c'est le lieu le plus bas ou les eaux vont se jetter dans le lac de Wahlasthall ou de Lucerne, a l'extremite duquel Altorf est situe; le vallon est a.s.sez couvert dans le bas, il est cultive dans quelques parties, et il y a des arbres fruitiers; c'est sur-tout aux environs de Birglen qu'on rencontre beaucoup de pierres roulees et des rochers amenes par les eaux.

Les rochers sont de pierre calcaire, et continuent jusqu'a Silenen a deux lieues d'Altorf; les montagnes sont fort hautes et fort escarpees des deux cotes du vallon, de beaux pres sont dans le bas; quelque arbres fruitiers et sur-tout des noyers sont a mi-cote, et entre les rochers, des forets de sapins. Avant d'arriver a Silenen, on appercoit le glacier de t.i.ttlis; il est sur le territoire d'Engelberg, et on trouve encore quelques hetres; derriere les montagnes boisees il s'en eleve d'autre nues et arides. Des points et des vues admirables par la degradation des montagnes et pour le sauvage, s'offrent de toutes parts. Des chalets, des habitations isolees, sont situes au pied des plus affreux rochers qui les menacent d'une ruine prochaine. L'habitant y vit sans crainte, entoure de son pre et de son pet.i.t bien dont il est tranquille possesseur.

La chaleur concentree dans ce vallon y fait murir differentes productions peu recherchees; a la verite, ce sont des fruits fort communs, excellens pour le pays, parce qu'on n'y en connoit pas de meilleurs. C'est du pet.i.t village d'Amsteeg entoure de fort hautes montagnes, qu'on commence a monter ce qu'on nomme le Saint Gothard general: le chemin devient plus roide, la Reuss y est plus resserres et roule ses eaux dans un lit fort profond et tres-escarpe, des torrens des cascades, tombent de differens endroits des deux cotes de ce vallon et de belles forets de sapin, ou il y a des arbres prodigieux pour la hauteur, varient les points de vues; on s'eleve beaucoup au-dessus du fond des vallons par des chemins rapides: l'exposition plus heureuse fait cultiver du jardinage et des arbres fruitiers; il y a beaucoup de chanvre dans ces environs. De l'autre cote du vallon, sur la gauche de la Reuss, est une usine ou on fabriquoit de l'alum et du vitriol, les travaux ont cesse, ces etabliss.e.m.e.ns et l'exploitation des mines sont peu connus et peu suivis en Suisse. La Reuss semble toujours s'enfoncer d'avantage, par-tout elle roule ses flots avec bruit et fracas, elle s'est creusee un lit a des profondeurs incroyables; il n'y a point d'endroit ou l'on puisse mieux voir cet etonnant travail des eaux que sur le pont du Pfaffensprung, a une demi-lieue de Va.s.sen; il est a une hauteur si effrayante que le premier mouvement, quand on regarde au bas du pont, est de se tenir au parapet, et le second de le quitter, dans la crainte qu'il ne manque, ce n'est que par reflexion qu'on y revient, On voit la progression et le travail successif de l'eau du haut jusqu'en bas; la roche a des sinuosites ou des angles arrondis, rentrans et faillans, alternativement de chaque cote, et dont saillans sont opposes aux rentrans, de facon qu'il reste peu d'es.p.a.ce pour apercevoir l'eau, ce ca.n.a.l ou ce, gouffre n'ayant pas plus de deux toises et demie de large. Depuis Silenen on ne voit plus de pierres calcaires, les rochers sont schisteux argileux, mele de beaucoup de quartz; le lit de la Reuss est rempli de granits, mais qui viennent des montagnes superieures.

Au-dessus du pont, dont nous venons de faire mention, on rencontre un pa.s.sage des plus pittoresques, compose de moulins, de scieries, de chutes d'eau, domines par le village de Va.s.sen, et entoures de montagnes fort extraordinaire. Une roche argileuse sur un plan incline, s'est detachee de la hauteur, et a emporte un pont et un moulin.

On monte beaucoup apres avoir pa.s.se Va.s.sen; ces environs sont d'une variete etonnante pour la beaute et la singularite des paysages. Des nappes d'eau, des cascades qui se precipitent de roches en roches, forment dix et quinze chutes avant de se perdre dans les sapins qui contrastent avec la blancheur des eaux toutes reduites en ec.u.me. Des maisons d'une construction particuliere, placees contre les rochers pour les mettre a l'abri des avalanches, des poutres jetees sur differentes ma.s.ses de rochers pour pa.s.ser la Reuss et autres torrens dont les eaux sont bouillonnantes et jaillissantes, des arcades de pierres pour joindre des rochers suspendus sur ces precipices, rochers de mille formes bizarres occupent le voyageur, et ne lui donnent plus le tems d'apercevoir les mauvais pas qu'il franchit. Il y a sans doute des hommes a.s.sez malheureux, qui ne verroient que des dangers, et ne seroient occupes que de leurs craintes et des terreurs paniques; c'est en effet une grande privation de ne pas sentir les beautes de la nature, elle devient un malheur reel quand ce plaisir se trouve remplace par des angoisses et de la frayeur. Un tableau d'un autre genre nouveau, et pour lequel les expressions manquent, est une foret rasee et abattue par une avalanche, il y a quelques annees, ces sapins de plus de cent pied de long, ont eu le tems de perdre leurs feuilles et de permettre a la vue de pa.s.ser a travers cette enorme quant.i.te de bois et de branches entre lacees de mille manieres bizarres, et d'apercevoir des rocs epars, des eaux qui circulent autour, et tombent quelque fois en cascades. C'est une spectacle qui devient effrayant quand on pense a la force et a la violence du moyen qui a pu occasionner un pareil effet. On recueille dans ce canton la resine des melezes. Quoique Va.s.sen soit deja fort eleve, on y cultive encore quelque jardinage, et il y a aussi quelque cerisiers sauvages. Il y a environ cinq-lieues jusqu'a Altorf.

Apres avoir pa.s.se Va.s.sen, on trouve cinq ou six superbes cascades formees par la Reuss. Elle fait un bruit a etourdir: la chaleur qu'il faisoit, avoit procure une abondante fonte de neige, et l'eau avoit beaucoup augmente depuis le matin. Des bouleaux, des sapins, et des melezes, groupes ensemble, formoient des contrastes agreables par la variete et le melange des differens verts. Les chemins sont faits a grand frais et avec beaucoup de soin; on a jette des arcades en differens endroits pour joindre les rochers, et faire pa.s.ser les chemins par-dessus; on entend mugir la Reuss sous ses pieds elle ec.u.me par-tout, il faut etre accoutume a ce spectacle pour n'en pas etre effraye. Les rochers de droite et de gauche sont par-tout a pic et d'une granit, qui est jaunatre dans differens endroits; dans d'autres, il est decompose, pa.s.sant a l'etat d'argile; c'est le felds-path qui subit le premiere ce changement. Des quartiers de rochers des parties de montagnes sont epars; des chalets, des habitations solitaires sont place aux environs des endroits ou il y a quelque paturage. Il y a un de ces rochers qui est une belle ma.s.se de granit, appellee la Pierre du Diable; on n'oublie pas de la faire remarquer, parce qu'il y a un conte populaire a son sujet que de graves auteurs nous ont conserve. Le vallon se retrecit beaucoup avant d'arriver a Gestinen.

On a eleve par-tout de murailles a de tres-grandes hauteur pour faire le chemin. Tout ce travail, vu le local, est incroyable pour la difficulte; de gros blocs de granits sont ranges sur les bords du chemin pour servir de barrieres dans les endroits les plus dangereux. Ces pa.s.sages sont si etroit qu'il faut peu de chose pour les interrompre.

Le pont du Diable est d'une seul arche a plein ceintre de quatre toises d'ouverture deux et demie de large, et de douze toises d'elevation au-dessus de l'eau; le fracas et la rapidite avec laquelle l'eau pa.s.se sous ce pont, ne permettent gueres qu'on la considere tranquillement de dessus le pont, on est toujours tente de s'en eloigner.--La distance depuis Gestinen jusqu'a Teufelsbruck ou pont du Diable, qui est environ deux lieues, suffit pour prouver ce que nous disons; cette vallee, qu'on nomme Schollenen, offre a chaque pas des difficultes vaincues, des rochers franchis, des intervalles combles par des murailles, ou il a fallu employer des montagnes de pierres.

Les chemins sont paves partout mieux que dans beaucoup de villes; des chevaux et des mulets charges les frequentent toute l'annee; et dans quels pays ces grands travaux ont-ils ete executes? Dans un veritable chaos de rochers et montagnes dont partie sont bouleverses, et l'autre paroit prete a s'ecrouler sur le pa.s.sant, qui ne voit sous ses pieds que des ecueils, des gouffres et des precipices, au fond desquels roule un torrent ec.u.mant et furieux. Si les rochers sont menacans, les avalanches sont encore plus dangereuses dans ce redoutable pa.s.sage; il n'y a point d'annee qu'il ne perisse des hommes et des betes de somme; on fait voir un endroit ou une avalanche transporta a plus de cent toises au-dela de la Reuss, dix-neuf chevaux et mulets charges ainsi que leurs conducteurs; dans d'autres endroits des quartiers de rochers prodigieux qui ont ete deplaces et transportes de meme.

Apres avoir pa.s.se le pont du Diable, le chemin tourne a gauche, puis a droite, pour monter une rampe a.s.sez rapide, tres-bien pavee, qui conduit a une ouverture dans le rocher, c'est le seul pa.s.sage qui se presente, nomme Urner-Loch, trou du pays d'Urner ou Urseren; un rocher fort eleve est sur la gauche, et les cascades de la Reuss a droite; l'entree du pa.s.sage est obscure, c'est une galerie souterraine pratiquee dans le roc, haute de neuf pieds environ de facon qu'un homme peut y pa.s.ser a cheval, de onze pieds de large et trente-deux toises de long; on a pratique dans le milieu une ouverture pour donner du jour; cette roche est toute de granit, ainsi que celles qui sont autour du pont du Diable; Il y a environ soixante ans que cette galerie a ete ouverte; le chemin pa.s.soit auparavant en dehors sur une espece de pont qui tournoit le rocher, et se trouvoit exactement suspendu et fort mal a.s.sure au-dessus des cascades de la Reuss; de frequens accidens, de grands frais pour reconstruire et entretenir ce pont, souvent entraine par les eaux, ont necessite l'ouverture de ce pa.s.sage.

En sortant de ce pa.s.sage obscur, on est surpris d'entrer dans une plaine ouverte, riante et couverte de verdure, et de voir couler a cote de soi une onde limpide et tranquille. Ce tableau est d'autant plus frappant qu'on vient de voir le contraste le plus effrayant; ce pa.s.sage souterrain est comme le rideau qui se leve entre deux decorations, dont l'une representoit le chaos et le boulevers.e.m.e.nt de la nature, et l'autre celle de la nature naissante et paree des premiers et des plus simples ornemens; cette plaine est unie, de forme ovale, couverte d'un vaste gazon et de paturages, entre lesquels serpente doucement la Reuss: sur ces bords il y a quelques buissons et peu d'arbres, ce sont des aulnes. Des cabanes de bois, des chalets isoles et solitaires sont repandus ca et la a l'entree du vallon: a gauche est le village d'In-der-Matt bati en pierres, et a neuf; dans le fond celui de hospital et situe sur le penchant d'un coteau, il est domine par une grosse tour: les montagnes du St. Gothard servent de fond au tableau, elles sont trop eloignees pour laisser apercevoir leur aridite; des montagnes nues, couvertes d'une verdure legere sans arbres et sans buissons, bordent les deux cotes du vallon: enfin tout paroit jeune et d'une creation nouvelle au premier coup d'oeil, qui met le spectateur dans l'etat ou est un homme a son reveil apres un reve epouvantable, ou il n'a vu que des objets effrayans; il se trouve heureux et content d'etre en surete et hors des dangers qui le menacoient, tant les impressions de son reve lui sont encore presentes.

Ce vallon offre des remarques interessantes pour l'histoire naturelle, sa position, sa forme, et son nivellement ne laissent aucun doute que cet emplacement n'ait ete le sejour des eaux; en examinant les bords du lit de la Reuss, on reconnoit que le terrain de ce vallon est par couches horizontales de pierres argileuses; le pied des montagnes qui entourent le vallon sur la droite est de pierre calcaire grise, a la meme hauteur, et a mi-cote, sur la gauche, on trouve de la pierre ollaire. Voila encore une de ces circonstances ou il seroit interessant de connoitre la hauteur exacte de cette pierre calcaire, et de pouvoir comparer son niveau avec d'autres que nous avons deja observe etre aussi deposees au pied des montagnes dans de pet.i.ts vallons fort eleves, a.n.a.logues a celui dont il est question. Quelque secousse aura rompu l'enceinte de rocher qui fermoit ce ba.s.sin: l'ecoulement des eaux aura acheve de creuser ce pa.s.sage, ou coule actuellement la Reuss, et le vallon qui est au-dessous. Quoique les angles rentrans et saillans des montagnes ayent lieu dans quelque endroits, il s'en faut de beaucoup que ce soit une regle certaine: le vallon qui descend du Saint Gothard a Altorff est une de ces exceptions. Une autre chose remarquable dans ce vallon, c'est qu'au sortir du pa.s.sage souterrain que nous avons dit etre creuse dans le granit, il y a tout a cote sans interruption, et formant la meme ma.s.se de rocher, de la pierre schisteuse micacee, melee de quartz, dont les couches sont perpendiculaire, se fendent et tombent par morceaux, qui ont la forme de poutres ou de bois equarris. Cette espece de roche est aussi haute que celle de granit, et composee, dans des proportions differentes, des memes parties integrantes que le granit; n'a-t-elle pas ete apposee et formee contre celle de granit, qui a.s.surement doit etre plus ancienne, puisqu'elle est enveloppee par la roche schisteuse[5]?

[Footnote 5: Here is an example of the junction of the granite with the schistus; and probably here will be a proper opportunity of investigating the formation of those two things. Our author here supposes the granite to be the primary, and the schistus to be the secondary body; on the contrary, I believe that schistus to be the primary in relation to the granite, and that the granite had invaded the schistus, as will be made to appear in its proper place.]

Ce vallon, d'une bonne lieue de longueur sur moitie de largeur, peut occasionner bien des reflexions; nous avons ete oblige de pa.s.ser rapidement sur ces objets, nous ne faisons que les indiquer. Au-haut de la montagne rapide, qui est au-dessus du village d'In-der-Matt, il y a un pet.i.t bois de sapins, auquel il est defendu de toucher sous peine de la vie. Il est reserve contre les avalanches; ce sont les seules arbres qu'on voie sur les hauteurs environnantes; derriere ce bois on appercoit un glacier d'ou descend un torrent qui va se jetter dans la Reuss; il amene, ainsi que les autres qui descendent de ce cote, des pierres schisteuses micacees, melees de quartz, de meme nature que celle qui est a cote du pa.s.sage souterrain. On monte par un beau chemin au village de Hospital, qui depend aussi du pays d'Urseren: tout ce canton est renomme pour ces excellens fromages. Il n'y a que des paturages et point d'autre culture. Le bois, qui est de premiere necessite dans un pays aussi froid, aussi eleve et toujours entoure de neige, y manque totalement, on est oblige de l'aller chercher dans la vallee de Schollenen, et on traine sur la neige le bois de charpente. Le village de Hospital est situe sur des roches schisteuses melees de mica et de quartz, elles sont bleues, verdatres, et grises. C'est a Hospital qu'est la rencontre de differens chemins pour pa.s.ser le Saint-Gothard; il y en a un qui venant du Vallais, pa.s.se a cote du glacier du Rhone et par la montagne de Fourk. Un second qui vient des Grisons, pa.s.se par Disentis et Chiamut entre les sources du bas Rhin. Ce sont des sentiers: qu'on juge de ce qu'ils peuvent etre d'apres le grand chemin que nous venons de decrire, qui conduit de la Suisse en Italie.

Sur la droite du village de Hospital est un vallon que nous avons visite jusqu'au village de Zum-d'Orff, a une grand demi-lieue. Il y regne aussi une couche de pierre calcaire a meme hauteur, au bas de la montagne qui renferme le vallon, et nous prions de remarquer qu'elle est aussi sur la droite, et que sur la gauche il y a de pierre ollaire; une ma.s.se enorme de cette espece, sous laquelle on travailloit depuis long-tems pour en tirer de quoi faire des poeles, ayant perdu son equilibre, est tombee sur le cote. Les rochers qui dominent, sont des rochers schisteuse micacees avec du quartz. Ce dernier village fait aussi partie de la vallee d'Urseren, c'est le pays habite le plus eleve de l'Europe; les habitons sont forts et robustes; les montagnes de ce canton etant nues, arides, et fort rapide, les avalanches y sont frequentes.

C'est au sortir de Hospital qu'on monte veritablement le Mont Saint Gothard: le chemin est escarpe, pave, et bien entretenu. Par un vallon a droite descend le Garceren, torrent qui vient des glaciers; son eau est blanchatre, se jette dans la Reuss, et en trouble la limpidite; les rochers sont de plus en plus depouilles, secs et arides, on trouve les derniers buissons, des aulnes rabougris. La Reuss tombe de rocher en rocher, des blocs et des quartiers enormes, qui remplissent son lit, lui barrent souvent le pa.s.sage; ses eaux s'elancent par-dessus quand elle ne peut le contourner; on ne voit enfin que des rochers, des abymes et des precipices; on marche neanmoins en surete au milieu de ce desordre de la nature; les chemins sont bien paves, et a.s.sez larges pour que deux chevaux ou deux mulets charges puissent y pa.s.ser de front. Sur un rocher a droite, a une lieue de Hospital environ, on trouve tailles dans le roc les limites entre le pays d'Urseren, et la partie Italienne ou vallee de Livenen; ainsi tout sommet du St. Gothard appartient a la partie Italienne, qui est actuellement sujette du canton d'Uri. On parvient enfin sur un terrain plus uni, et une espece de plateau, c'est le haut du Saint Gothard; a une demi-lieue sur la droite, entre des rochers forts hauts, forts escarpes et a pic, est une espece d'entonnoir, ou se ra.s.semblent les eaux des neiges fondues; elles y forment le pet.i.t lac de Luzendro, gele le trois quarts de l'annee, d'ou la Reuss tire sa source en partie; car le glaciers du mont de la Fourche ou Fourk dans le haut Vallais, fournissent aussi un torrent qui est regarde comme la seconde source de la Reuss; le Rhone prend sa source dans la partie opposee du meme glacier. Le haut du Saint Gothard est un vrai vallon, puisque des cimes, des pyramides, des montagnes prodigieuses, composees toutes de rochers, s'elevent au-dessus, et l'entourent de tous cotes. L'es.p.a.ce qui est entre ces rochers a une forme a-peu-pres circulaire; il paroit avoir ete un fond qui a ete eleve et comble jusqu'au point ou il est par les debris des montagnes qui le dominent, et qui s'y amoncelent encore actuellement sous nos yeux; il a une espece de niveau qui va un peu en pente du cote du midi, et du cote du Nord par lesquels se fait l'ecoulement des eaux fournies par la fonte des neiges, dont la Reuss et le Tessin sont les canaux. Des ma.s.ses etonnantes de rochers remplissent la surface de ce vallon: elles y sont placees dans une desordre qui ne ressemble point aux positions des rochers actuels, et autorise a croire qu'elles y ont ete jetees et culbutees au hazard. Ces ma.s.ses isolees sont toutes de granit, compose de quartz, de feldspath, et de mica verdatre; le chemin qui traverse ce vallon tourne autour de ces ma.s.ses.

Il faut que les pics eleves qui bordent ce vallon ayent ete beaucoup plus hauts qu'ils ne le sont actuellement pour avoir pu fournir a combler cette etendue, qui a une lieue au moins. Il n'est pas douteux non plus, que les vastes montagnes qui font au pied de toutes celles qui forment l'enceinte du Gothard, au moyen desquelles on trouve un acces plus facile, et des rampes moins rapides pour s'elevent comme par degres a cette hauteur, qui composent enfin ces montagnes de seconde et de troisieme formation, ne doivent leur existence qu'aux debris de ces colosses qui dominent tout. L'examen de ce qui se pa.s.se sous nos yeux journellement, ne peut nous laisser aucun doute sur l'abaiss.e.m.e.nt de montagnes. Il n'y a point de torrent, point d'ecoulement d'eaux, quelque pet.i.t qu'il soit, qui n'entraine en descendant des montagnes, des terres, des graviers, ou des sables, pour les porter plus bas. Les grands torrens, les fleuves, les rivieres, gonfles par les fontes subites des glaces et des neiges, entrainent des rochers entieres, creusent de vastes et profonds ravins; ces ma.s.ses de rochers diminuent par le choc et le frottement qu'elles essuient entre elles, et sur les rochers sur lesquels elles pa.s.sent, dont elles occasionnent reciproquement la destruction; ce sont des debris de cette espece de trituration qui troublent les eaux, et dont le depot eleve insensiblement les bords des rivieres, forme le limon fecondant de nos plaines, et va former jusque dans le sein des mers ces atterriss.e.m.e.ns, ces barres, et ces bancs qui en reculent les bornes. Les rochers les plus durs, ces granits que les meilleurs outils ont tant de peine a faconner, ne resistent point au tems et aux intemperies des saisons; leur superficie se denature et se decompose souvent au point de ne pas les reconnoitre: des lichens, des pet.i.tes mousses s'insinuent dans leur tissu, l'eau y penetre, et la gelee separe leurs parties; s'ils se trouvent place sur une pente de facon a pouvoir etre entraine par les eaux, la plus grosse ma.s.se est bientot reduite a peu de chose, apres avoir parcouru un plan incline; quels changemens ne doit pas avoir opere cette marche constante de la nature. A quel point n'est elle pas rendu meconnoissable la superficie du globe que nous habitons. Pour peu qu'on reflechisse que les montagnes fournissent continuellement aux plaines, et que celle-ci ne rendent rien aux montagnes, on pourra se faire quelque idee des changemens que la revolution des siecles a du operer.

Aussi n'est ce que sur les hautes montagnes qu'on appercoit encore parmi leurs vastes debris, les materiaux qui ont servi et servent aux creations nouvelles que la nature opere journellement, qu'ils sont grands, qu'ils sont majestueux ces antiques debris! que l'homme est pet.i.t, qu'il est confondu quand il ose y porter un regard curieux!

In this picture of the Alps, there is presented to our view the devastation of solid rocks by agents natural to the surface of the earth; here is the degradation of mountains in the course of time. Of these ruins plains are formed below; and these plains are continually s.h.i.+fting their place, in affording materials to be washed away and rolled in the rivers, and in receiving from the higher grounds the spoils of ruined rocks and mountains. Such operations are general to the globe, or are to be found over all this earth; but it is not every where that we have descriptions proper to give just ideas of this subject, which escapes the common observation of mankind.

As I have given an example in the Alps of Savoy and Switzerland, it may be proper to give some view of the same operation in those of the Pyrenees (Essai sur la Mineralogie des Monts Pyrenees) page 76.

La vallee d'Aspe est arrosee dans toute sa longueur, par le Gave, qui prend sa source vers les frontieres d'Espagne: dans les temps de pluie et d'orage, cette riviere est coloree en rouge par des terres composees de schiste rougeatre, qui s'eboulent: des montagnes de Gabedaille et de Peyrenere: au reste les eaux du Gave profondement encaissees dans leur lit ne peuvent plus contribuer a la fecondite des plaines qu'elles ont formees.

On observe, en suivent cette riviere que lorsque les montagnes courent parallelement, les angles faillans qu'elles forment correspondent aux angles rentrans; cette regle generale sert a etablir que les vallees des Pyrenees, qu'il faudroit plutot appeler _de gorges_ puisqu'elles n'ont qu'une demi-lieue dans leur plus grande largeur, sont l'ouvrage des eaux; mais doit on les ranger parmi celles que M. de Buffon a demontre avoir ete creusees par les courans de la mer, ou les supposer formees par les torrens qui se precipitent des montagnes?

Ne croyez pas, dit M. d'Arcet, en faisant mention des vallees des Pyrenees, que les eaux aient pris ces routes parce qu'elles les ont trouvees frayees anterieurement a leur cours; ce sont les eaux meme d'en-haut, qui, se ressemblant peu-a-peu, se sont ouvert de force ces pa.s.sages: elles se sont creuse ces lits dans le temps pa.s.ses, comme elles les creusent encore tous les jours. _Voyez la Discours sur l'etat Actuel de Pyrenees, p._. 10.

(p. 86.) Les pierres que les eaux du Val de Canfrac entrainent, sont rarement usees dans leurs angles; on en trouve peu dont la figure soit arrondie, comme celle des pierres que roulent les torrens de la partie septentrionale des Pyrenees; le sol des environs de Jacia, plus eleve que celui des plaines du cote de la France, s'oppose a ce qu'elles soient emportees a d'a.s.sez grandes distances, et avec la rapidite necessaire pour recevoir, par un long frottement, une figure arrondie: on ne voit point de pierres roulees dans les plaines qui entourent cette ville, les bancs calcaires ne sont couverts que d'une croute de terre peu epaisse; un telle formation differe de celle qu'on observe au pied des monts Pyrenees, du cote de la France, ou le sol de plusieurs contrees est compose des debris que les rivieres y ont deposes[6]; une partie de l'egypte, selon Herodote, a ete pareillement formee des matieres que le Nil y a apportees; Aristotle la nomme l'ouvrage du fleuve: c'est pourquoi les ethiopiens se vantoient que l'egypte leur etoit redevable de son origine. Les habitans de Pyrenees pourroient dire la meme chose de presque toutes les contrees situees le long de la chaine septentrionale, depuis l'ocean jusqu'a la Mediterranee, et qui forment cette es.p.a.ce d'isthme qui separe les deux mers: c'est ainsi que la nature change continuellement la surface de notre globe; elle eleve les plaines, abaisse les montagnes; et l'eau est princ.i.p.al agent qu'elle emploie pour operer ces grandes revolutions; il ne faut que du temps, pour que le mot de Louis XIV. a son pet.i.t-fils, se realise. La posterite pourra dire un jour; _il n'y a plus de Pyrenees_. On concoit combien cette epoque est eloignee de nous. M. Gensanne a trouve, par des observations qu'il pretend non equivoques, que la surface de ces montagnes baisse d'environ dix pouces par siecle; ainsi, en les supposant seulement de quinze cens toises au-dessus du niveau de la mer, et toujours susceptibles du meme degre d'abaiss.e.m.e.nt, il s'ecoulera un million d'annees avant leur destruction totale.

[Footnote 6: The notion, that the water-worn gravel, which we so frequently find upon the surface of the earth, had been the effect of rivers transporting the rocks and stones, is not accurate or in perfect science. That stones are thus continually transported is certain; it is also indisputable, that in this operation they are broken and worn by attrition, more or less; but, that angular stones of the hardest substance are thus made into that round gravel, which we find so abundantly in many places forming the soil or loose materials of the surface, is a conclusion which does not necessarily follow from the premises, so far as there is another way of explaining those appearances, and that by a cause much more proportioned to the effect.

The view which I take of the subject is this; first, that those water-worn materials had their great roundness from the attrition occasioned by the waves of the sea upon some former coast. Secondly, that, after having been thus formed by agitation on the sh.o.r.es, and transported into the deep, this gravel had contributed to the formation of secondary strata, such as the puddingstone which has been described in Part I. Chap 5, and 6; and, lastly that it has been from the decay and resolution of those secondary strata, in the wafting operations of the surface, that have come those rounded siliceous bodies, which could not be thus worn by travelling in the longest river.]

I do not know in what manner M. Gensanne made his calculation; I would suspect it was from partial, and not from general observations. We have mountains in this country, and those not made of more durable materials than what are common to the earth, which are not sensibly diminished in their height with a thousand years. The proof of this are the Roman roads made over some of those hills. I have seen those roads as distinct as if only made a few years, with superficial pits beside them, from whence had been dug the gravel or materials of which they had been formed.

The natural operation of time upon the surface of this earth is to dissolve certain substances, to disunite the solid bodies which are not soluble, but which, in having been consolidated by fusion, are naturally separated by veins and cutters, and to carry those detached bodies, by the mechanic force of moving water, successively from stage to stage, from places of a higher situation to those below.

Thus the beds of rivers are to be considered as the pa.s.sages through which both the lighter and heavier bodies of the land are gradually travelling; and it is through them that those moveable bodies are from time to time protruded towards the sea sh.o.r.e. But, in the course of rivers, it often happens that there intervenes a lake; and this must be considered as a repository for heavy bodies which had been transported by the force of running water, in the narrow bed through which it was obliged to pa.s.s; for, being arrived in the lake, the issue of which is above the level of its bottom, the moving water loses its force in protruding heavy bodies, which therefore it deposits. Thus the bottom of the lake would be filled up, before the heavy materials which the river carries could be made to advance any farther towards the sea.

Reasoning upon these principles, we shall find, that the general tendency of the operations of water upon the surface of this earth is to form plains of lakes, and not, contrarily, lakes of plains. For example, it was not the Rhone that formed the lake of Geneva; for, had the lake subsisted in its present state, while the Rhone had transported all the matter which it is demonstrable had pa.s.sed through that channel from the Alps, the bed of the lake must have been made a plain through, which the river would continue to pa.s.s, but in a changing channel, as it does in any other plain. We are therefore led to believe, that the pa.s.sage of the Rhone through the lake, in its present state, is not a thing of long existence, compared with the depredations which time had made by that river upon the earth above the lake. But how far there are any means for judging, with regard to the causes of that change which must have taken place, and produced the present state of things about this lake, can only be determined by those who have the proper opportunity of examining that country.

If lakes are not in the natural const.i.tution of the earth, when this is elevated from the sea into the place of land, they must be formed by some posterior operation, which may be now considered.

There are in nature, that is, in the natural operations of the globe, two ways by which a lake may properly be formed in a place where it had not before existed. One of these is the sliding or overshooting of a mountain or a rock, which, being undermined by the river, and pressed by its weight, may give way, and thus close up the defile through which the river had worn for itself a pa.s.sage. The other is the operation of an earthquake, which may either sink a higher ground, or raise a lower, and thus produce a lake where none had been before. To which, indeed, may be added a third, the dissolution of saline or soluble earthy substances which had filled the place.

So many must have been those alterations upon the surface of the earth which we inhabit, and so short the period of history by which, from the experience of man, we have to judge, that we must be persuaded we see but little of those operations which make any sensible change upon the earth; and we should be cautious not to form a history of nature from our narrow views of things; views which comprehend so little of the effects of time, that they may be considered as nothing in the scale by which we are to calculate what has pa.s.sed in the works of nature.

To form an idea of the quant.i.ty of the solid land which has been carried away from the surface of the earth, we must consider our land, with the view of a mineralist, as having all the soil and travelled materials removed, so as we might see the terminations of all the strata, where these are broken off and left abrupt. Now, the generality of those strata are declined from the horizontal plane in which they had been formed, and shew that the upper extremity had been broken off and carried away; and the quant.i.ty of that which has been carried away, since the time of the formation of those strata, so far as may be judged from the nature and situation of what remains, must be concluded as very great. This is best to be observed in mountainous countries, where not only the causes of this destruction of the land are more powerful, but the opportunities of investigating the effects more frequent, from the was.h.i.+ng away of the loose soil or covering.

The correspondent angles of the valleys among mountains is a subject of this nature, in which may be perceived a visible waste of the solid mountain which has those correspondent angles. I am happy to have an authority so much better than my own observations to give on this occasion, where the question relates to what is common or general in these appearances. It is that of M. de Luc, Lettres Physique et Morales, tom. 2. p. 221. Mais avant de finir sur les montagnes _primordiales_, il faut que je revienne a ces _angles saillans et rentrans alternativement opposes_, qui lorsque Mr. Bourguet les annonca, firent un si grand bruit parmi les naturalistes qu'on ne douta plus que toutes les montagnes ne fussent l'ouvrage de la _mer_. Voici ce que c'est que ce phenomene pretendu demonstratif.

Lorsqu'on voyage dans les vallees, on va ordinairement en tournoyant; et quand un angle saillant oblige a courber la route, on trouve a.s.sez souvent un angle rentrant qui lui fait face, et la vallee conserve a peu pres la meme largeur. M. Bourguet ayant fait cette remarque, et considerant que les bords opposes d'une riviere qui serpente, offrent la meme opposition des angles saillans et rentrans, en conclut en general, que les montagnes avoient ete formees par les courans de la mer.

Si toutes les montagnes, et les _Alpes_ par exemple, avoient tous les autres caracteres qu'exige une telle formation celui-la sans doute ne paroitroit pas les contredire; et l'on ne peut meme disconvenir, qu'au premier coup d'oeil, ces zig-zags ne ressemblent beaucoup aux effets des eaux courantes. Cependant ce caractere appartient bien plus aux eaux qui se frayent une route, qu'a celles qui font des depots. Un riviere qui creuse son lit, se detourne a la rencontre d'un obstacle, et ronge le cote oppose; c'est ce qui produit ses meandres. Mais on ne voit point les memes causes de zig-zags dans les courans au sein de la mer; a moins qu'il n'y ait deja des montagnes.

En effet si l'on considere les montagnes et les collines qui par leurs couches et les corps etrangers qu'elles renferment, montrent sans equivoque qu'elles sont l'ouvrage des eaux, on les trouvera le plus souvent rangees sans ordre. Quelquefois elles ne paroissent que des monceaux poses ca et la; comme dans une grand partie du _Piemont_. Ou si elles sont sous la forme de chaines continues, on y trouve peu de parallelisme, c'est-a-dire de ces angles rentrans opposes aux angles saillans: tel est le Jura.

Mais si les courans de la mer ont trouve des montagnes toutes faites, et qu'ils les ayent traversees, dans quelque sens que ce soit; ils se sont fraye des routes dans les endroits ou la resistance etoit moindre, et ont ronge les bords de leurs canaux a la maniere des rivieres. On doit donc y trouver du parallelisme.

Si maintenant on considere la chaine des _Alpes_, on verra qu'elle repond fort bien a cet effet naturel. Quoique ces montagnes forment une chaine dans leur ensemble, leurs parties superieures ne montrent aucune sorte d'arrangement particulier, aucune trace de zig-zags: c'est dans le fond des grandes vallees, ou dans les coupures qui servent a l'ecoulement des eaux, que ce parallelisme des cotes opposes se remarque; quoiqu'avec bien des exceptions. Et ce qu'il y a de plus important a considerer, c'est que ces grandes vallees ou les angles saillans et rentrans forment l'engrenement le plus sensible, coupent ordinairement la chaine en travers, au lieu de la suivre; ce qui annonce plutot destruction qu'edification.

Ainsi _les angles saillans et rentrans alternativement opposes dans les vallees des montagnes_, peuvent bien contribuer a prouver qu'elles ont ete toutes sous les eaux de la _mer_; mais non que la mer les ait toutes faites. C'est ici donc un nouvel exemple de la necessite de considerer attentivement les idees qui paroissent le plus naturelles au premier coup d'oeil: car cet apercu etoit bien un de ceux qu'on est tente d'admettre sans examiner autre chose que la verite du fait.

Here we have the testimony of this author concerning the nature of those causes by which the shape of the surface of the earth, in those regular appearances of corresponding parts, had been determined, viz. That these had been destroying operations, and not those by which the mountains had been formed. We differ, however, from this naturalist with regard to the particular agent here employed. It will be shown, in a subsequent chapter, that there is almost as little reason to conclude from this appearance, that the s.p.a.ce between the correspondent angles had been hollowed by the currents of the sea, as that those angles had been formed by matters deposited in that shape and situation.

Farther, treating of the calcareous mountains, the same author observes, (Lettre 38. p. 229.)

Cette chaine exterieure des _Alpes_ evidemment d'origine _marine_, a cependant des caracteres qui la distinguent de la plupart des autres montagnes de la meme cla.s.se; et ces caracteres semblent annoncer plus d'antiquite. Je crois d'abord pouvoir les regarder comme les montagnes _secondaires_ les plus hautes de notre continent. (Je ne parle ici que des montagnes marines.) Ensuite leur destruction est beaucoup plus grande que celle d'aucune autre montagne de ce genre qui me soit connue: car elles sont presque aussi couronnees de pics que les _Alpes primordiales_; et ces _pics_, etant par _couches_, montrent des restes d'anciens sommets qui devoient avoir une grande etendue. Ce qui, joint a quelques derangemens dans leurs couches, paroit indiquer que ces montagnes ont ete exposees plus longtemps que la plupart des autres montagnes _secondaires_, aux revolutions qu'essuyoit le fond de la _mer_; et qu'elles en sont sorties deja fort alterees.

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